samedi 19 décembre 2009

Réflexions sur l’islam politique

En voulant défaire et refaire le monde, l’islamisme ne mène qu’à des guerres civiles ou externes. Il provoque aussi la refonte d’une identité occidentale, note l’écrivain palestinien Hassan Khader.
Certaines idées défendues par l'écrivain indien F.S Naipaul, pourraient aisément relever de l'européocentrisme de l'homme blanc. Mon intention n'est nullement de critiquer Naipaul mais de méditer ce qu'il a écrit sur la situation des musulmans dans le Sud-est asiatique. Je pense en particulier à l'une de ses remarques sur l'Islam, qui se manifeste comme « s'il était encore dans la phase missionnaire ». Le comportement de ses fidèles est marqué en effet par l'angoisse des débuts et l'enthousiasme des pionniers. Pourtant les quatorze siècles après son apparition sont largement suffisant pour être rassuré sur le sens historique et théologique d'une religion qui a triomphé et s'est imposé, créant des Etats et des Empires. .. ce comportement caractérise ce que l'on appelle aujourd'hui l'Islamisme, avec ses arguments idéologiques et sa haine des temps présents.

Ainsi, on peut déceler différentes manifestations de l'angoisse et de l'enthousiasme des pionniers dans les réactions des "islamistes" au référendum en Suisse sur l'interdiction de la construction de nouveaux minarets. Plusieurs mouvements ont déjà réagi à l'événement et l'on va relever bientôt un nombre incalculable de discours, et de déclarations qui reproduiront deux arguments que l'on entend depuis une trentaine d'années : 1- la victimisation qui veut que les musulmans souffrent de la persécution et de l'hostilité de l'Occident chrétien. 2- l'hypocrisie de cet Occident qui cesse d'être démocratique et tolérant dès qu'il s'agit des musulmans.

Le point départ du phénomène islamiste est né du rejet des idéologies modernes et s'est appuyé sur l'existence d'une nation (oumma) islamique transfrontalière bien meilleure que les nations constituées à partir d'une langue, d'une race ou d'une géographie, comme les nations arabe, turque, iranienne, etc. Partant du fait que toute nation a sa géographie sacrée mêlant errances historiques, intérêts propres, semi-vérités et malentendus, l'Islam politique a pour principale ambition de restaurer l'espace sacré de l'ancien monde (Dar al-Islam/la terre d'Islam) morcelée par les nationalismes ethniques naissants et écrasé par l'Etat moderne, puis de retracer les frontières avec l'espace de l'impur (Dar al-Harb/ l'espace de la guerre), défigurées par les temps modernes, et qui, avec la mondialisation, ont perdu leur signification.

Ce mouvement mène ainsi le combat sur deux fronts : contre les nationalismes ethniques et les Etats modernes qu'il faut éliminer et contre l'Occident qu'il faut redéfinir comme l'ennemi. - C'est dans ce contexte qu'ont été réhabilités les qualificatifs d'impie, de Dhimmi [non musulman en terre d'Islam], qui n'étaient plus utilisés au vingtième siècle parce qu'appartenant à un passé révolu. Ces termes ne sont plus appliqués uniquement aux occidentaux mais aussi chrétiens arabes qui doivent redevenir des dhimmis après avoir été, à l'ère des indépendances, des citoyens à part entière.

La double guerre menée par l'Islamisme en fait un combat sur les frontières séparant les nouvelles entités étatiques qui doivent « reconstituer » la terre de l'Islam mais aussi un combat à l'intérieur de chaque Etat entre les religions et les confessions. Des guerres ouvertes rendues plus compliquées par la présence aujourd'hui de nombreux musulmans en Occident.

Ces raisons ne permettent pas d'envisager la moindre réforme dans le projet de l'Islam politique. Celui-ci représente un mouvement visant à défaire et refaire le monde. C'est pourquoi son ascension conduit à chaque fois à des guerres civiles larvées ou déclarées. C'est déjà le cas en Afghanistan, au Soudan et en Somalie et pourrait l'être demain au Yémen, en Egypte, en Algérie, en Irak, en Palestine... Quant à l'Occident où se situe l'espace de guerre, les opérations terroristes sont qualifiées par les islamistes du terme moyenâgeux de "conquête/razzia". Mais est-il tolérable au début du XXIème siècle de revenir à la géographie du sacré et de l'impur qui appartient au Xème siècle ?

Les théologiens qui étaient peu nombreux dans le passé et qui surtout avaient peu de moyens de communiquer avec le public, parviennent désormais, grâce à l'extraordinaire révolution des médias, à toucher toutes les catégories de la société, à atteindre la plus large audience, quels que soient le niveau d'éducation de ces derniers et leur capacité de compréhension. Or, ces théologiens ont toujours adopté la géographie du sacré et de l'impur. Si l'on ajoute à cette hypothèse la puissance financière considérable et sans précédent dans l'histoire, dont ils bénéficient de nos jours, on peut expliquer leur succès.

Ainsi, les questions relatives à la situation des minorités religieuses et ethniques dans le monde musulman deviennent indiscutables, alors que la situation des minorités musulmanes en occident et leur liberté d'expression et de croyance devient un combat de première ligne et un prétexte pour accuser l'occident d'hypocrisie et d'islamophobie. L'appellation de "minorités musulmanes" est d'ailleurs abusive puisqu'il s'agit d'Arabes, de Kurdes, de Turcs, de Pakistanais... qui s'identifient d'abord à leur appartenance nationale et puis à leur identité religieuse. Par ailleurs, Un coup d'œil rapide à la situation dans les pays du Golfe des travailleurs immigrés asiatiques, en majorité issus de pays musulmans pauvres, montre l'hypocrisie du discours sur « la terre d'Islam ». Dans cet espace qui théoriquement leur appartient, ces gens vivent privés de droits et de privilèges et le fait qu'ils soient musulmans ne leur garantit pas le minimum de sécurité ou de traitement humain.

La réponse au référendum suisse ne saurait être simple ni simpliste. Mais il est certain que la guerre sur les frontières qui contribue à forger l'identité au sein du monde musulman intervient aussi dans la refonte de l'identité occidentale pour engendrer un « choc des civilisations » que l'on ne peut plus ignorer.

(SOURCE=courrierinternational)

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