lundi 18 avril 2011

Michèle Tribalat : l’immigration est une fausse solution contre le vieillissement

Faut-il faire venir plus de jeunes travailleurs pour payer les retraites des baby-boomeurs ? Selon la démographe de l’INED, Michèle Tribalat, l’amélioration du taux d’emploi des jeunes et des seniors et une ambitieuse politique nataliste seraient autrement plus efficaces pour limiter les effets du déclin de la population française. Une interview de Marianne2.
Marianne : L’Europe vieillit. L’immigration est-elle, selon vous, la solution aux conséquences négatives de ce vieillissement ?
Michèle Tribalat :
Le vieillissement tient à trois causes : les baby-boomeurs ont pris de l’âge, certains pays européens connaissent une fécondité très basse et l’espérance de vie augmente. Afin de renflouer le milieu de la pyramide des âges, on peut envisager l’arrivée d’immigrants. Mais ces derniers vieillissent aussi. S’il s’agit d’équilibrer les finances publiques, il ne faut pas attendre de l’immigration un effet miraculeux. La qualification des entrants est déterminante, comme en attestent les études réalisées notamment aux Etats-Unis, où les taux d’emploi des immigrés sont relativement élevés. Pour « digérer » les accidents de la pyramide des âges, à long terme, rien ne peut remplacer une politique accueillante en direction des familles, ne serait-ce que pour que le nombre d’enfants effectif atteigne le nombre d’enfants désiré.

Pour la France, dont la natalité est supérieure à la moyenne européenne, quelle est l’utilité de l’immigration d’un point de vue démographique ?
M.T. :
Le recours à une immigration massive en France éviterait, dit-on, un recul de la population. Or, ce recul n’est pas nécessairement une catastrophe. Quand le vieillissement est lié à une natalité insuffisante, comme en Allemagne, il est inquiétant. Dans le cadre d’une natalité relativement dynamique comme celle de la France, la disparition des baby-boomeurs « arrivés à échéance » aurait plutôt un effet positif.

Cela dit, l’immigration peut-elle effectivement aider à financer les retraites des personnes âgées, en nombre croissant ?
M.T. : Tout dépend des taux d’emploi. Si les taux d’emploi demeurent en France à un niveau relativement faible, notamment en début et en fin de vie active, l’immigration aura un faible impact sur le rapport de soutien réel (soit le rapport entre ceux qui travaillent effectivement et ceux qui ne travaillent pas). Des simulations simples, réalisées à partir des projections démographiques de l’Insee d’ici à 2050, montrent que ce rapport passerait de 0,93 en 2009 à 0,69 en 2050 en l’absence de migrations, contre 0,70 avec un solde migratoire de 150.000 individus par an. Soit un bien faible impact ! En revanche, même sans nouvelle immigration, si les taux d’emploi s’améliorent au point de rejoindre ceux du Danemark en 2050 (et pas ceux des immigrés au Danemark qui sont bas, comme en France), le rapport de soutien réel remonterait à 0,90 en 2050 (après une chute à 0,85 vers 2040). Sous les mêmes hypothèses (taux d’emploi équivalents à ceux des Danois pour tout le monde), il suffirait d’un solde migratoire annuel limité à 50.000 sur l’ensemble de la période, apportant une amélioration du rapport de soutien réel de 0,02 point, pour que la situation soit en 2050 équivalente à celle de 2009. Le véritable levier, à savoir l’action sur les taux d’emploi, devrait être l’obsession des politiques.

Quels peuvent être les effets négatifs de l’accueil de migrants en France ?
M.T. : Tout d’abord, on parle aujourd’hui d’immigration à venir comme si nous étions en « eaux basses ». Or, tel n’est pas le cas. Le taux d’accroissement de la proportion d’immigrés (proportion qui atteint près de 8,5 % en 2008) est, dans les années récentes, le même que celui observé sur la période 1968-1975 (+1,6 % par an). Quoi qu’il en soit, il faut essayer de se défaire de l’idée selon laquelle l’immigration, sans autre précision, aurait des effets forcément bénéfiques ou forcément négatifs. Tout dépend de son nombre, de sa composition, notamment des qualifications, des attentes et exigences posées par la société d’accueil, de la capacité d’effort de cette dernière (logement, éducation…) et des dynamiques d’implantation locales. Certains quartiers sont désormais évités par une population qui, formées de natifs et d’immigrés, choisit de s’installer très loin des centres-villes. Les concentrations ethniques, qui résultent de ces évitements, constituent un problème difficile à résoudre. Avant de présenter l’immigration massive comme la solution miracle pour un continent en déclin démographique, il faut prendre en compte toute la réalité. Sinon, l’impact bénéfique de l’immigration restera une idée simple et trompeuse avancée afin de masquer l’absence de levier réel pour agir sur la politique migratoire, désormais fondée sur des droits et principalement du ressort de l’Union européenne.

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