Cinq sympathisants du Front national des Alpes-Maritimes, qui assistaient dimanche dernier à un meeting animé par Jean-Marie Le Pen à Marseille, ont été condamnés à des peines de prison ferme hier par le tribunal correctionnel de Draguignan, pour des violences exercées au retour sur un jeune homme noir, sur une aire d'autoroute à Vidauban.
Insultes racistes et salut hitlérien
Ils étaient cités en comparution immédiate pour répondre de violences ayant entraîné une incapacité de huit jours, avec les circonstances aggravantes de la réunion, de l'état d'ivresse et de l'appartenance réelle ou supposée de la victime à une race ou une religion, ainsi que de complicité de violences aggravées.
Un sixième protagoniste, âgé de 17 ans, qui semble avoir eu le rôle le plus actif dans les faits, comparaîtra le 10 juin prochain devant le tribunal pour enfants. D'ici-là, il a été placé au centre éducatif fermé de Brignoles.
Régis Riou, un cuisinier de 25 ans demeurant à Antibes, n'a toujours pas digéré le fait d'avoir ainsi catalysé la haine de l'étranger, alors qu'il s'était arrêté sur l'aire d'autoroute de Vidauban avec trois amis, rentrant d'un week-end à Aix-en-Provence.
« On prenait un café devant la boutique quand ces jeunes sont descendus de leur autocar en criant " La France aux Français. Le Pen président. A mort les noirs ou les Arabes. Heil Hitler ", en me regardant du coin de l'oeil. Ils se sont jetés sur moi à cinq ou six et m'ont donné des coups de poing et de pied. Un boutonneux au crâne rasé ("Manu ", le mineur) me frappait en criant " on va niquer ta mère sale arabe ". J'ai essayé de me réfugier dans la boutique. »
Poursuivi par ses agresseurs dans l'établissement, le jeune homme n'a dû son salut qu'à l'intervention d'un client courageux qui a cherché à le protéger, et au personnel de la station qui a appelé les gendarmes du peloton autoroutier du Luc, donnant le signal du départ.
Certains des agresseurs ont alors fait le salut hitlérien, le bras tendu.
Le bus, qui était reparti vers Nice, a été intercepté par les gendarmes au péage de Fréjus. Deux jeunes, dont " Manu " ont spontanément reconnu avoir participé aux violences. Les autres ont été identifiés ensuite par la victime lors d'un tapissage dans les locaux du peloton.
Encouragés par une retraitée
Personne n'a reconnu la propriété du poing américain trouvé en perquisition dans le car. Tous ont également nié s'être concertés avant leur interpellation, sur une version commune où le plaignant aurait traité Manu de « sale blanc » et lui aurait porté le premier coup.
La plupart de ces jeunes, âgés de 20 à 25 ans, avaient été invités à ce déjeuner-débat où ils avaient consommé du vin, continuant à boire de la bière sur le trajet du retour.
A leurs côtés, une retraitée niçoise de 69 ans était poursuivie pour avoir encouragé l'agresseur principal, aux cris de « La France aux Français. Vas-y Manu, attaque », tout en agitant un drapeau tricolore. Condamnée comme les quatre autres prévenus à dix-huit mois de prison, dont quinze avec sursis, elle a été la seule à échapper au mandat de dépôt à l'audience.
(Source = MaVille )
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